[new:15/04/2012]Septembre et son BUILD sont déjà loin, mais ses effets réels ne se feront sentir que dans quelques mois encore… Entre temps, hors de la sphère Microsoft il s’est passé, il se passe, et il se passera beaucoup de choses ! Pour le développeur cette période de calme, de transition à la fois dictée par les annonces des uns et des autres et par le ralentissement de la crise autant que celui qui entoure toute élection présidentielle doit être saisie comme une chance. L’opportunité de réfléchir au futur et de s’y préparer.
Plusieurs approches
Le marché se divise aujourd’hui selon plusieurs plans de découpe qui sont autant de clivages amenant à une réflexion différente :
- La dichotomie Grand Public / Entreprise
- La segmentation des OS (iOS / Android / Windows / Ubuntu ?)
- La diversité des form factors (Smartphones / tablettes / portables / PC)
- Les standards de fait ou à venir (Html / Java / .NET / WinRT)
- Les outils (leur disponibilités, leur puissance, les langages proposés…)
Le développeur doit se positionner face à ces grands choix car, disons-le tout de suite, jamais il ne sera possible de briller et de proposer une carte de visite d’égale compétence dans tous ces domaines à la fois !
Choisir est quelque chose de difficile. Pas tellement parce qu’on doit sélectionner la « meilleure solution », mais surtout et plutôt parce qu’on doit « éliminer » des solutions à qui on ne prête pas les mêmes qualités, en se trompant peut-être.
C’est le problème de faire des « impasses » à un examen. Le principe est simple, assez logique, si je tombe sur l’un des sujets que j’ai bien travaillé je suis sûr d’avoir une bonne note. Mais en contrepartie je dois sélectionner quels sujets je ne travaillerai pas… et sur lesquels je sècherai totalement si je tombe dessus. Toute la difficulté se situe dans ce pari que j’appellerai ici « le pari de l’impasse » .
Le pari de l’impasse
Nous ne parlons donc plus de « choix » de la « meilleure solution » tout cela est trop subjectif. Nous sommes forcément plus influencés par ce que nous aimons que par ce qui nous laisse indifférent… Difficile dès de lors de tenter une analyse a priori si on ne se borne pas par des principes plus objectifs.
Alors je vous propose d’utiliser plusieurs techniques dont un raisonnement qui se base sur ce qui vous laisse indifférent plutôt que de vous enflammer sur ce qui suscite en vous passion et exaltation.
Le « pari de l’impasse » consiste donc nous plus à choisir ce que nous pensons être le meilleur pour l’avenir mais à éliminer ce qui nous semble le moins bon.
Par exemple, plaçons nous sur le premier plan de clivage évoqué plus haut : la dichotomie Grand Public / Entreprise.
Il faut faire un choix. C’est certain. Vous dirigerez-vous vers l’un ou l’autre ? Le choix des outils, des supports, de l’OS, etc, beaucoup de choses vont en découler.
Si vous raisonnez par choix positif, peut-être votre enthousiasme pour les jeux ou pour l’IPad vous incitera-t-il à vous diriger vers le Grand Public.
Si vous raisonnez par la logique du « pari de l’impasse » la question devient toute autre : lequel des deux mondes puis-je éliminer en minimisant mes risques à moyens et longs termes ?
Le Grand Public, on le voit aux statistiques de vente de tous les market places du monde, se limite à leur Top 50 : des jeux, encore des jeux, toujours des jeux, et les pages jaunes… Les premières applications payantes un peu intelligentes arrivent avec des scores bien lointains dont la rentabilité apparait négative, le tout maintenu dans un flou artistiques par les market places qui veulent des tas d’applications et qui ne veulent donc pas que nous sachions la vérité sur les pertes des créateurs de logiciels...
S’orienter vers le Grand Public c’est donc développer des jeux avant tout. Je ne parle pas de la 100.001ème version de la lampe torche. Laissons cela aux ados qui apprennent à développer en Html / JS…
Avez-vous les compétences, l’équipe (graphistes, musicien…) pour créer un jeu capable d’égaler le succès d’Angry Birds ? Si oui, foncez ! Si non, le Grand Public c’est comme se lancer dans la chanson, si vous n’avez pas une structure financière lourde derrière vous, beaucoup s’y tentent, bien peu réussissent…
Reste donc l’Entreprise… Mais ce n’est qu’une ébauche de pensée, bien d’autres facteurs sont à prendre en compte, ce que je vous laisse faire.
Pouvez-vous ignorer le marché Grand Public ou celui de l’Entreprise ?
C’est tout l’intérêt du « pari de l’impasse » ! Apporter un angle de vue différent de celui par lequel on aurait raisonné habituellement. Forcer une réflexion différente.
Et ce questionnement doit être fait pour chaque catégorie, chaque clivage énoncé plus haut…
C’est un outil pour vous aider à vous situer, pas un mode pensée absolu qui me permettrait de vous imposer un choix. Je ne développerai donc pas plus cet aspect de la réflexion pour tous les points, cette réflexion vos appartient, c’est le chemin que vous prendrez vous-mêmes qui vous éclairera au fur et à mesure sur la pertinence de vos choix.
Ma vision des choses
Après avoir présenté les clivages essentiels, les décisions à prendre et une méthode pour tenter d’améliorer votre réflexion, je vais vous livrer ma propre vision des choses. Elle ne vaut que pour moi dans ses réponses, mais son chemin peut trouver résonnance chez bien des lecteurs, donc les intéresser.
Les offres du marché
Je suis parti de l’ensemble des offres du marché, présentes et à venir dans un avenir proche (donc réaliste, il n’était pas question que je puisse prendre des décisions sur de la science-fiction…).
OS | Form factor |
iOS | Tablette (iPad) Smartphone (iPhone) |
Android | Tablettes (cibles multiples) Smartphones (idem) |
Windows 8 Metro Style | Tablettes (Win8 for ARM) PC Smartphones (WP8) |
Windows classic WPF | PC |
Silverlight | Smartphones WP7 Web (quasi absence) Intranet |
Ubuntu | Smartphones, Tablettes, PC |
De nombreuses remarques peuvent être faites, et chacun pourra leur donner le poids qu’il juge, encore une fois je présente ici ma vision des choses, pas une vérité absolue.
Apple
La première remarque est qu’on ne peut pas ignorer le phénomène Apple, qu’on aime ou pas, qu’on trouve cela outrageusement monté en épingle ou non, le buzz existe depuis des années, ce n’est donc plus un buzz, c’est une réalité de terrain. Le market place de Apple est celui qui rapporte le plus.
Concernant Apple on doit aussi noter que l’iPad3 semble marquer le pas côté évolution, comme ce fut le cas de l’iPhone 4S. Jobs n’est plus là et cela se sent, Apple se banalise, la concurrence est arrivée à faire aussi bien voire mieux. Les parts de marché d’Apple semblent toujours orientées à la hausse mais nul ne peut prévoir l’ampleur du rééquilibrage certain avec Android et Windows 8 dans les 2 ans à venir.
Apple est en outre un marché fermé, une marque, avec une seule machine par catégorie, aucune concurrence sur iOS, des outils de développements pas terribles et un style de gestion, de production (chinoise), d’autoritarisme, d’élitisme qu’on aime ou non.
Apple, bien qu’aillant ajouté deux ou trois choses sur son OS desktop ne cherche absolument pas à créer une véritable convergence entre les Mac et l’univers iPad/iPhone.
Android
Android est un phénomène plus intéressant. D’abord parce qu’il s’ouvre sur des tas de gammes de machines diverses offrant toutes des options plus ou moins personnalisées avec une vraie concurrence entre fabricants. Pour l’instant Android n’est pas présent sur le segment des PC mais on a pu voir quelques prototypes de machines Google. Plus intéressant encore est la convergence entre Android et Ubuntu. On sait, et ce n’est qu’un début, qu’environ 7000 lignes de code Android vont être intégrées à Ubuntu, et parallèlement Ubuntu sera installable sur les téléphones Android (à partir des double-cœurs) tout en restant compatible à 100% avec Android et ses fonctionnalités (agenda, téléphone…).
A terme il faut envisager la possibilité pour Ubuntu de s’approprier toutes les applications Android et devenir ainsi du jour au lendemain une alternative crédible pour les PC face au Mac et à Windows 8. Le tout en s’appuyant sur la bonne image de marque Android.
Windows 8
Windows 8, quant à lui, marque une évolution d’esprit majeure chez Microsoft, une forte envie d’unification et de cohérence. On sait que l’OS tournera sur PC, tablette mais aussi sur Smartphones avec WP8 qui reprend un noyau Windows en laissant tomber le noyau Windows Mobile. On sait que sous WP8 c’est WinRT qui deviendra la nouvelle plateforme de développement.
Windows 8 sera alors le seul OS à adresser tous les form factors de l’instant.
On peut bien entendu être critique sur le mélange Metro Style / Bureau classique, en faisant un OS à « deux têtes » incompatibles entres elles. Je suis le premier à trouver cela assez mal géré. De même que jusqu’à la dernière bêta l’utilisation de Windows 8 sur une machine desktop n’est vraiment pas très ergonomique, même avec un écran tactile. Mais tout cela peut encore s’arranger jusqu’à la finale (on a déjà pu voir des améliorations notables entre la première preview réservées aux développeurs et la bêta publique) .
N’oublions pas non plus que Windows 8 est un OS charnière entre les anciens systèmes et Metro Style. Un peu comme Windows 95 à cheval entre le 16 et le 32 bit. Si Microsoft réussi son pari, Windows 9 n’aura plus de bureau classique (ou bien caché pour la compatibilité). Mais on ne peut pas exclure que Windows 8 connaisse le sort de Vista, surtout en entreprise où Windows 7 serait alors le nouvel XP pour les dix ans à venir pendant que se développerait un marché grand public sous Metro Style (tout nouvelle machine sera fournie comme cela).
Silverlight et WPF
Je terminerai sur Silverlight, ce n’est pas un OS mais c’est une plateforme de développement pour laquelle j’ai toujours eu un penchant. Sous WP7 c’est même l’unique moyen de développer (en dehors de XNA qui sera arrêté). Officiellement, au moment où j’écris ce billet, Silverlight 5 est sorti depuis quelques temps sans rencontrer l’engouement des versions précédentes (certainement parce que les nouveautés sont très orientées OOB avec certificat ce qui rend tout cela bien peu utilisable). En outre rien ne dit qu’il n’y aura pas de version 6 mais rien ne dit non plus le contraire... Toutefois, le passage de Windows Phones 8 à WinRT devrait sonner le glas de ce mini WPF portable… Resterait donc le Web mais Silverlight n’a jamais beaucoup été utilisé pour le Web grand public. Ne subsiste plus que le monde de l’entreprise où Silverlight a su séduire notamment sur les Intranet où il offre confort, puissance, centralisation tout en évitant l’installation et la mise à jour lourde qu’impose WPF sur chaque machine du parc. Silverlight, dans le meilleur des cas semble donc s’orienté vers un marché de niche. Cela peut être rentable.
Hélas, ce marché de niche ne sera certainement pas suffisant pour que Microsoft maintienne encore très longtemps Silverlight qui aura été durement touché par la logique « no plugin » lancée par Microsoft, stratégie en réalité suiviste de la position de Steve Jobs qui détestait Flash et qui a fait tout son possible pour dénigrer cette solution qui comme Silverlight était pourtant cross-browsers, puissante et au point.
C’est injuste pour Silverlight qui est et reste une plateforme agréable et puissante, bien au-dessus de ce que Html 5 ne peut offrir. Mais nous devons considérer que Silverlight est au développement ce que James Dean est au cinéma : une star fauchée en pleine gloire et pleine jeunesse.
Après avoir incarné la survie de WPF, jamais vraiment adopté, Silverlight cèdera sa place à WinRT et plus proche de lui encore à WPF qui devient, par le jeu de tous ces changements, la seule solution moderne pour développer des logiciels natifs Windows non sandboxés (en dehors de l’espace WinRT donc) et échappant au contrôle planétaire du market place de Metro Style… Bon nombre d’éditeurs risquent d’être attirés par WPF pour ces simples raisons. Les éditeurs de logiciel et leurs actionnaires adopteront-ils WinRT et accepteront-ils de verser 30% de leurs ventes à Microsoft et de voire chuter leurs recettes et leurs actions ou bien s’accrocheront-ils au bureau classique de Windows, avec WPF ou d’autres solutions, l’avenir va être passionnant sur ce point !
Bref, Silverlight et WPF ont encore leur mot à dire. Etrange retour du sort, Silverlight tendait à devenir le survivant, ayant écrasé WPF. Mais le “suicide” (en fin le meurtre...) de Silverlight en pleine gloire par Microsoft change la donne. Et WPF pourrait devenir l’avenir des gros développements en bureau classique, donc plutôt en entreprise (ou bien les logiciels de type musique tels Cubase, Ableton Live, ou encore les outils de dessins 2D ou 3D comme Illustrator, Maya...).
Dans ce qui suit je ne classe pas Silverlight et WPF non pas que je n’accorde plus de valeur à ces environnements (au contraire) mais tout simplement parce que j’envisage l’avenir et ce qu’il faut apprendre pour ne pas être largué. Silverlight et WPF sont déjà dans le champ de mon expertise, quoi que leur réserve l’avenir je suis prêt. Je vais donc m’intéresser plutôt à ce que je ne suis pas tout à fait préparé, comme beaucoup de lecteurs.
6 solutions possibles…
Me voici, comme vous, devant pas moins de six solutions possibles ! Puis-je prétendre être un expert dans les 6 à la fois ? Non. Puis-je passer mon temps à tester et jongler avec autant d’OS, de langages, de librairies, de trucs et astuces à connaitre pour chaque form factor ? Non plus.
J’en reviens donc à la stratégie de l’impasse… Quelles sont mes réelles préférences, qu’est-ce qui m’indiffère et comment rationnaliser mon approche ?
Mes préférences sont claires, je préfère très largement .Net, C #, Xaml, Visual Studio et Expression Blend que tout le fatras d’outils et de langages qu’offrent la majorité des solutions listées.
Qu’est-ce qui m’indiffère le plus ? L’Apple-mania, Linux. Question de choix personnels. Rappelons que je vous livre ici mon cheminement de pensée car c’est cheminement qui peut vous aider, mes conclusions, mes « j’aime » et mes « j’aime pas » me sont strictement personnels, à vous de bâtir votre propre réflexion en partant de vos sensibilités !
Classer les choses en terme de préférences instinctives, je l’ai dit, ce n’est pas rationnel. Je vais tenter d’ajouter des points objectifs pour tenter un classement des solutions.
L’investissement
Finalement c’est un point essentiel. Faut-il le compter en premier ou en dernier, peu importe, en tout cas l’investissement humain et financier pour atteindre un niveau d’expertise respectable dans chaque solution qui s’offre à moi est un facteur crucial.
Je vais donc, en toute honnêteté, tenter d’attribuer un poids à l’investissement qu’il me faudrait faire pour atteindre l’expertise nécessaire dans chaque contexte.
L’investissement financier
Il est assez facile à comptabiliser et j’ai voulu prendre un barème simplifié. Je considère que pour une plateforme donnée, un form factor donné, il me faut au moins une machine « native » pour développer ou tester les logiciels. Par exemple si je vise les tablettes Android il faut que j’en achète au moins une… se contenter de l’émulateur n’est pas professionnel, sous aucun environnement. Idem pour des OS comme Ubuntu, le faire marcher dans une machine virtuelle va bien pour un test, pas pour développer, il faut mobiliser une machine.
Je ne prend pas en compte ici les machines que j'e possède déjà, c’est un investissement qui serait à ventiler selon mes choix.
J’ai ainsi considéré le cout d’acquisition du matériel en hecto Euros, échelle qui se calle le mieux sur le prix moyen de tous les form factors (par exemple 8 pour une machine aux environs de 800 euros).
L’investissement humain
Il est difficile à quantifier en jours une formation sur des plateformes aussi diverses. Je préfère une approche plus globale. J’ai choisi le pourcentage de choses à connaitre pour arriver à l’expertise. Par exemple sur Silverlight en Intranet ce pourcentage est proche de 0% (pour moi), pour du Silverlight sous WP7 je considère qu’il me manque encore 5% de connaissances pratiques pour être au top (investissement que je ne fournirait pas en raison de la fin de WP7 et de son mode de programmation particulier qui passera à WinRT sous WP8, mais c’est une autre histoire).
Le tooling
C’est bête mais je n’envisage pas, sauf sous la contrainte, de travailler avec des outils de développements mal fichus. C’est triste, mais quand on est habitué à Visual Studio on est un peu handicapé : tous les autres environnements paraissent moins bien. Malgré tout il faut bien attribuer un poids à ce tooling. Certains sont plus agréables que d’autres.
Il faut aussi intégrer la dimension de la qualité. On peut ne pas avoir un grand amour pour certains langages mais leur reconnaitre une qualité correcte. Par exemple je n’ai jamais aimé Java, j’aimais beaucoup Delphi, j’ai adoré C#, mais Java et JavaScript ne m’ont jamais séduit. Cela se joue certainement à peu de chose pour Java tellement C# en est proche. Mais c’est comme ça, c’est mon sentiment. Je dois en tenir compte. Sans pour autant dévaloriser des langages comme Java qui sont parfaitement utilisables.
Comme je ne voulais pas écrire un livre sur cet aspect des choses, j’ai décidé d’attribué aussi un pourcentage. Un pour mes préférences, un pour les qualités intrinsèques des outils disponibles sur une plateforme donnée.
Découpage des solutions
Le découpage proposé plus haut n’est pas assez fin pour dégager certaines tendances. J’ai donc re-segmenté là où cela me semblait nécessaire.
J’ai supprimé Silverlight et WPF du tableau puisque j’ai déjà l’expertise, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde (il s’agit bien de ma vision des choses et de mon cas personnel, à adapter donc !)
Solution/ notes | Invest. Machines | Cibles | Invest. Formation | Invest/Cible | Inversion (1/x) | Intérêt | Tooling | Total * 100 |
iOS | 12 | 2 | 1,0 | 6,0 | 0,17 | 0,2 | 0,4 | 1,36 |
WinRT C#/Xaml | 12 | 3 | 0,2 | 0,8 | 1,25 | 0,6 | 1,0 | 75 |
WinRT Html/JS | 12 | 3 | 0,8 | 3,47 | 0,29 | 0.2 | 1,0 | 5,8 |
Android | 7 | 2 | 0,9 | 3,15 | 0,32 | 0,5 | 0,4 | 6,4 |
Ubuntu | 10 | 1 | 0,9 | 9 | 0,11 | 0,1 | 0,5 | 1,15 |
Ubuntu sur Android | 17 | 3 | 0,9 | 5,11 | 0,19 | 0,3 | 0,5 | 2,85 |
L’investissement par cible est calculé comme suit :
(investissement machines divisé par le nombre de cibles visées) multiplié par le pourcentage de l’effort de formation.
Ce sous total représente une charge (investissement humain et financier pondérés par le nombre de cibles offertes par la solution). Plus la charge est grande, plus le résultat est grand. C’est tout l’inverse d’une « préférence ». Il convient donc d’inverser ce résultat pour pouvoir continuer les calculs en chaines. C'est-à-dire obtenir un nombre d’autant plus petit que la charge est grande. Sinon nous en arriverions à mettre en première place l’environnement le plus couteux et offrant le moins de cibles !
Une simple inversion (1/x) est donc calculée pour poursuivre les calculs. D’où la présence de la colonne Inversion
Le total final est multiplié par 100 pour le rendre plus lisible.
Le coût des machines est attribué en fonction des prix moyens. Pour iOS par exemple il faut compter environ 1200 euros pour acheter un iPad3 et un iPhone 4S. Pour WinRT il faut sensiblement le même investissement (tablette ARM Win8 + téléphone WP8). Pour Ubuntu je compte le prix d’un PC correct mais sans plus (1000 euros) alors que je ne le compte pas pour Windows 8 tout simplement parce que je suis déjà équipé Windows et que si je devais faire du Linux demain je serai obligé de garder mes machines Windows dans tous les cas, donc d’investir. Alors que la majorité de mes machines Windows 7 passerons en Windows 8 sans surcoût matériel. Ce choix est discutable dans l’absolu, mais je rappelle un fois encore que je prends en compte ma situation et non pas celle de monsieur tout le monde. Pour un lecteur qui ne ferait que du Linux et qui n’aurait aucun équipement Windows la situation serait inversée. Mais je crois que ma situation reflètera correctement celle de la plupart des lecteurs de DotBlog malgré tout.
Le nombre de cibles est un simple constat. WinRT couvrira les PC, les tablettes et les Smartphones WP8, donc 3 cibles. iOS couvre deux cibles (iPad et iPhone). Android couvre aussi deux cibles (tablettes et Smartphones). Ubuntu ne couvre qu’une cible (le PC) en faisant abstraction des déclinaisons (PC de bureau, PC serveur…). Ce cas reste toutefois discutable car l’intégration prochaine d’un module Ubuntu dans Android pourrait ajouter deux cibles de plus à cette solution et donc lui faire gagner quelques points.
And the winner is…
En fait, il n’y a pas de gagnant à ce “jeu” là… Il s’agit pour l’essentiel de choisir entre la peste et le cholera en faisant le moins mauvais choix pour l’avenir…
Solution | Total |
WinRT C#/Xaml | 75 |
Android | 6,4 |
WinRT Html/JS | 5,8 |
Ubuntu + Android | 2,85 |
iOS | 1,36 |
Ubuntu | 1,15 |
Ce tableau est classé en ordre décroissant, plus une solution se trouve en haut plus elle mérite de l’intérêt.
Reste un point essentiel : le ROI.
ROI : comment le prendre en compte ?
On peut lire tous les comparatifs sur les différents market places, on peut essayer de deviner les chiffres qui ne sont pas publiés… Cela risque d’être très long et pas forcément plus juste que les certitudes faciles à connaître…
Ainsi, entre Android et iOS on sait que le market place de Apple est plus rentable pour les développeurs. Dans quelle proportion ? Sur quelle(s) catégorie(s) de logiciels ? c’est plus difficile à savoir.
Premier constat, dans notre tableau final les deux solutions sont si éloignées que quelques pourcents de rentabilité en plus ou moins pour Apple ne changera visiblement pas l’ordre obtenu.
Concernant Ubuntu, il se noie aujourd’hui dans les diverses moutures de Linux. Faisant abstraction des serveurs Web, Linux avance mais est loin de concurrencer Windows. Là encore prendre en compte les pourcentages ne changerait rien dans l’ordre du tableau tellement l’écart entre les solutions WinRT et Ubuntu sont éloignées. Surtout qu’ici nous parlons ROI et non pas pénétration du marché. Le ROI sous Windows reste évidemment bien meilleur que sous Linux et sous Ubuntu en particulier.
Pour WinRT lui-même il est difficile de prévoir son succès et son adoption… c’est même un grand point d’interrogation. Windows 8 pourrait connaître le sort de Vista… sur PC. Mais cela n’empêchera certainement pas les tablettes Windows 8 ou les Smartphones WP8 de se vendre correctement. Et comme tous les PC récents seront bientôt livrés sous WinRT, cela fait tout de même quelques centaines de millions d’utilisateurs potentiels à venir. Donc un ROI qui devrait être correct.
On notera aussi qu’il s’agit ici de choisir un axe, une direction pour l’avenir. Ce qui est déjà connu aujourd’hui n’entre pas dans le tableau… Je suis déjà un expert en Silverlight et en WPF. Si Windows 8 faisait un flop et que Silverlight et WPF soient utilisés encore plus qu’aujourd’hui, je suis déjà bien placé pour gérer cette possibilité. Encore une fois c’est mon raisonnement se basant sur mes compétences et mes connaissances, à chaque lecteur d’adapter tout cela en fonction de son cas !
Conclusion
Dans mon cas personnel, mes calculs m’indiquent que WinRT sous C# et Xaml est le meilleur choix. Celui qui me demande le moins d’investissement en formation ou en matériel, celui qui touche le plus grand nombre de cibles. Mais aussi celui qui m’offre le meilleur tooling, et qui est le plus proche de ce que j’aime bien faire.
Mais étonnement, ce même tableau me dit qu’ensuite j’ai tout intérêt à m’intéresser à Android bien plus qu’à WinRT en Html / JS ! Et finalement j’avoue que cet « avis » qui ressort du tableau me semble pas si idiot. Je vais donc le suivre. Quitte à fournir un effort d’apprentissage mieux vaut s’ouvrir un nouveau marché et de nouveaux clients que de rester à tourner autour du pot WinRT.
De même iOS se trouve en queue de tableau avec Ubuntu. Cela ne m’étonne pas, je n’y connais rien et je n’ai pas envie d’en savoir plus sur le monde Apple. Je n’aime pas Apple depuis longtemps, car justement j’ai déjà été client Apple et développeur sous Apple. C’est en connaissance de cause que je fuis la pomme donc. Le tableau ne fait que traduire ma forte subjectivité malgré des efforts d’objectivation.
Mais à tout prendre, le tableau m’apprends qu’il est beaucoup plus important de s’intéresser à Ubuntu en couple avec Android. Et là encore, dans l’absolu je trouve le conseil assez sage… Un tel mariage redonne beaucoup d’intérêt à Ubuntu.
Empêtré comme vous tous dans ce grand moment de solitude autour de la mort, il faut bien le dire, du marché Silverlight (pas du produit, pas de la techno, mais du marché) et même si je pense qu’une fois que le buzz Html 5 sera passé les gens reviendront peut-être à Flash et Silverlight (parce que ç marche, c’est cross browser et que le tooling est au point), il est temps de prendre aussi compte ce qui va venir et qui va modifier notre métier.
La poussée incroyable en si peu de temps d’Android sur les tablettes et les Smartphones ne peut être balayé d’un retour de manche. Pas plus que la sortie de Windows 8 qui se veut le grand unificateur sur tous les form factors avec WinRT.
Apple et son alléchant marché peut en tenter plus d’un, avec raison.
Que faut-il faire ? Sur quoi se former aujourd’hui pour être dans le coup demain ? Sur quoi faire l’impasse sans le regretter ?
Bien entendu mes petits tableaux ne sont qu’une excuse pour parler de tout cela, faire remuer en vous toutes ces possibilités.
En rien les conclusions de mes tableaux ne sont à prendre à la lettre. Elles ne peuvent pas même s’appliquer à quelqu’un d’autre que moi, et bien entendu, moi-même je ne prends pas que cela en compte pour mes choix futurs…
L’idée était de vous faire voyager dans toutes ses solutions en offrant une sorte de méthode qui, même si elle n’est pas absolue, vous permettra de mettre en évidence un ordre, une priorité à laquelle vous ne seriez peut n’être pas parvenue juste en y pensant comme ça.
C’est, comme toujours, le voyage qui compte bien plus que le site touristique qu’on prend en photo à l’arrivée. C’est en cheminant qu’on avance, lapalissade s’il en est, mais les portes ouvertes sont souvent celles qu’on oublie le plus souvent de franchir !
Réfléchissez-bien, pour DotBlog vous commencez à vous faire une idée des prochaines directions…
Stay Tuned !