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WPF : Et si on en reparlait sérieusement !

[new:30/08/2013]Windows 8, 8.1, des tuiles, WinRT, tout cela serait l’avenir. C’est une possibilité et la plateforme est séduisante. Mais elle n’a pas conquis les entreprises pour l’instant. Pourtant il faut bien développer de nouvelles applications. Et si nous reparlions sérieusement de WPF et de l’état du marché ?

WPF L’éternel oublié mais l’inoubliable aussi…

Qui se rappelle de ce que veut dire WPF ? Je vous laisse 2 secondes…

Windows Presentation Foundation. La fondation du système de présentation de Windows. Rien de moins !

Nom de code “Avalon”, vous vous rappelez ?

WPF instaure et fonde les spécifications graphiques de .NET 3.0 (novembre 2006). Il est livré pré-installé avec Vista. Il est même possible de l’installer sur XP à partir du Service Pack 2 de cet OS et même sur Windows Server 2003.

Les début difficiles de Vista couperont la dynamique de lancement de WPF, beaucoup d’entreprises continuant à utiliser Windows Forms par inertie. Mais Vista quoi qu’on en pense vient de tout changer : il annonce l’ère des designers, une étape essentielle en informatique professionnelle : l’aspect devient un enjeu aussi important que le contenu. Le terme d’UX viendra plus tard, mais le mouvement est lancé… Le clou sera enfoncé par le succès fulgurant de l’iPhone et de l’iPad puis de Android.

Puis Silverlight sortira et éclipsera par son succès WPF devenu pourtant mature et doté d’une puissance incroyable et d’outils novateurs comme Blend. Toutefois ce succès sera celui d’une équipe : C# + XAML quel que soit le nom qu’on lui donne, une équipe présente depuis le début et qui se retrouve sous Windows Phone ou WinRT aujourd’hui. En tout cas WPF en tant que tel ne profitera qu’à la marge du succès de Silverlight ce dernier étant bien plus séduisant et léger que XBap notamment. Mais l’élastique se tend… Les entreprises sont alors toujours en XP et le grand public s’excite déjà sur les premiers modèles d’iPhone. L’écart devient gigantesque entre applications métier tristes au look XP et applications super lookées pour l’homme de la rue… Seulement l’homme de la rue est aussi le salarié qui utilise des applications métiers. La tension monte… et les attentes se font de plus en plus pressantes au risque de déstabiliser la sacro-sainte productivité des entreprises !

La fin de Silverlight sur laquelle nous ne reviendrons pas ici n’aura pas été l’occasion d’un vrai regain d’intérêt pour WPF car au même moment Microsoft décrétait que .NET et tout ce qui tourne autour était devenu “hasbeen”, seul WinRT pouvait être “moderne”. Au lieu de proposer une nouvelle voie en poussant intelligemment son pion, Microsoft s’est tiré une balle dan le pied. Ringardisant toutes leurs propres technologies matures et misant tout comme un fou le ferait à une table de poker sur un éventuel prochain coup gagnant… Pas de “plan B”, aucune prudence. Ballmer a parfois des allures d’illuminé quand il harangue une salle, mais force est de constater qu’il conduit aussi Microsoft comme un illuminé. C’est affreusement triste au regard de la beauté et de l’intelligence des technologies créées par les ingénieurs de MS.

A chaque fois en avance sur son temps, à chaque fois brillant et unique en son genre, le pauvre WPF a été étouffé par telle ou telle autre annonce ou rumeur. Jamais il n’eut véritablement son heure de gloire. Seule plateforme totalement vectorielle, animée, réactive, WPF n’a pas été adulé comme il le mérite.

Et pourtant !

Alors que les entreprises sont en train de migrer vers Windows 7, soit “Vista 2”, WPF n’a jamais été autant d’actualité ! Avalon a été créé pour Vista et Windows 7 est un Vista bien plus qu’un Windows 8.

WPF est le seul environnement moderne pour développer pour _toutes_ les versions en activité de Windows et donc pour tous les Windows 7 en cours d’installation qui seront là pour des années !

Windows un socle fissuré ?

Les échecs de Vista et Windows 8 cumulés pèsent lourds sur le marché car il s’étalent sur une longue période créant beaucoup d’incertitude, une perte de confiance et de l’immobilisme, ce n’est bon pour personne.

Windows 7, très bon techniquement mais un simple ‘Vista 2’ sans grande originalité (tout avait dit et fait dans Vista) en vient même à jouer la planche de salut pour les entreprises qui en ce moment même continuent des migrations vers cet OS.

Windows qui a été le socle de l’avènement de l’informatique dite “micro” et de la démocratisation du PC jusque dans le salon de la mamie du Cantal, a cédé du terrain. C’est historique. Pour la première fois depuis son avènement les parts de marché de Windows s’effritent.

Le socle se fissure.

Une fissure n’annonce pas forcément la mort du bâtiment, combien de maisons tiennent toujours debout et sont habitées malgré quelques fissures dans leurs vieux murs… Mais tout comme les rides sur le visage de celui qui prend de l’âge, les fissures d’une maison annoncent plus la fin que le début, même si cette fin n’arrivera que dans longtemps.

En mai 2013 les parts de marché de Windows (toutes versions) étaient de 80.68% alors qu’en juillet 2012, soit seulement dix mois avant, elles étaient de 83.55% soit une baisse de 2.87% ce qui est à la fois peu et considérable à la fois dans ce que cela signifie.

A qui profite le crime ? Assez peu à iOS qui dans la même période passe de 5.90% à 6.50% soit 0.6% de hausse, quasiment pas du tout au Mac qui reste stable (6.23% à 6.49%), très peu à Java ME (0.82% à 1.21%) et un peu plus à Android qui prend presque 1% de 1.81% à 2.78%. Les “autres" profitent aussi de la situation en passant de 1.69% à 2.33% (chiffres Net market Share).

On voit clairement que dans la fissure Windows s’engouffrent surtout les OS mobiles et principalement Android. Mais tout le monde en profite, _aucun autre_ OS ne baisse, seul Windows cède du terrain. Il s’agit donc bien d’un problème spécifique à cet OS et non d’une tendance du marché plus ou moins globale, d’un marasme ou de la “crise” qui a bon dos quand il s’agit de trouver des excuses à de piètres performances commerciales…

Fissuré mais majoritaire pour longtemps !

La grande maison Windows est fissurée, elle prend un peu l’eau par mauvais temps, mais elle tient debout et surtout elle occupe toujours son “bout” de terrain : 80.68% des parts de marché global de tous les OS c’est énorme, un sacré “bout” de terrain !

Certes, avec des pertes de près de 3% par an le lent déclin pourrait devenir rapidement une bérézina si cette tendance devait se confirmer. Mais on en est encore loin, de nombreuses choses peuvent se passer sur le marché dans les années à venir, ne jouons ni les cassandre ni les oiseaux de mauvais augure. la situation est préoccupante mais plus de 80% du marché est une position de roi voire d’empereur que tout le monde envierait !

Même si le rythme de 3% annuel de baisse de parts de marché devait se poursuivre durant les 16 prochaines années, il resterait à Windows 49% du marché face à des tas d’OS qui se partageraient le reste et donc seraient loin d’une telle domination… 16 ans c’est sacrément long ! Bien plus qu’une implémentation d’application métier en tout cas (l’application peut vivre plus longtemps encore en tant que concept, mais les implémentations ne peuvent rarement survivre plus de 5 ans sans refonte drastique).

Cela signifie qu’il faut être réaliste, ni défaitiste en voyant la mort de Windows ou de Microsoft pour demain, ni stupidement enthousiaste en jouant les groupies d’un Windows 8 ou Windows Phone qui ne savent pas prendre de place significative sur le marché.

Personnellement je n’ai pas une nature de “fan”, ni en sport, ni en musique, et encore moins dans mon métier. J’agis rationnellement et de façon constante avec une approche pragmatique des faits.

Donc, dans un tel marché qui ne passionne plus, sauf exceptions, dans un environnement social dégradé par les crises successives qui comme les banlieues qui s’étendent au point de se confondre donnent l’impression d’une seule et même interminable entité glauque, il est impératif de s’en tenir à des constats factuels. Seuls points de repères fiables, comme les oasis qui mouchètent les cartes du désert et permettent de tracer des routes au milieu d’un grand rien, les faits, rien que les faits, permettent de viser juste et jalonner le futur d’étapes réalistes.

Et les chiffres sont têtus, Windows est là, bien là, et pour longtemps.

Windows va durer, mais quel Windows ?

Le ras de marée Metro / Modern UI / WinRT / Windows 8 (quel nom donner ?) n’a pas eu lieu. La mise à jour 8.1 s’annonce décevante car Microsoft n’a pas vraiment entendu les utilisateurs ni les entreprises. Le forcing maladroit WinRT / Modern UI continue. Mais soyons francs, le flingue sur la tempe n’a jamais été une manière durable de séduire, c’est une technique de violeur et pas de Don Juan. On obtempère pour sauver sa peau, mais ce n’est pas de l’amour…

Remettre un bouton “démarrer” qui renvoie au menu à tuile est presque une injure pour l’intelligence des utilisateurs, c’était déjà le fonctionnement de Windows 8 (avec le bouton Windows du clavier mais bon…) et c’est toujours moins bien que ce que Classic Shell ou d’autres font gratuitement (dont le boot en bureau classique) ! Quant à la possibilité de partager l’écran en 3 au lieu de 2, franchement quand on s’appelle “Windows” cela fait de la peine de faire moins bien que Windows 1.0 (même principe de non recouvrement mais au moins le nombre et la taille des fenêtres étaient à la discrétion de l’utilisateur). Pour ce qui est des entreprises, deux ou trois ajouts sur la sécurité ou la possibilité de vider un disque dur à distance ne révolutionneront rien.

Le grand public est coincé : malgré les lois interdisant cette pratique, tout nouveau PC est fourni de force avec Windows pré-installé (et grassement payé mais sans CD ni possibilité de l’installer ailleurs dans le respect de la licence). Donc, mécaniquement tous les nouveaux PC étant en Windows 8, les parts de marché de cet OS vont grandir. Certains spécialistes des prévisions prévoient 25% de marché d’ici quelques années et certainement beaucoup moins en entreprise.

A l’heure actuelle comment se réparti le marché Windows ?

En gros 57% du marché global est constitué de Windows 7 qui a gagné plus de 10% en un an. XP disparait progressivement passant de 32% à 16% sur la même période. Vista était déjà anecdotique il y a un an et l’est encore plus aujourd’hui (de 4.8% à 2.10% soit une baisse de 50% environ). Windows 8 se place à moins de 8%.

L’évolution à venir devrait tendre pour 3/4 de Windows 7 et 1/4 de Windows 8, avec des XP et des Vista résiduels.

Dans un tel marché, surtout en entreprise, il n’est pas possible de développer en WinRT puisqu’à la différence de WPF qui peut s’installer même sur un XP SP2, WinRT ne marche que sous Windows 8. Pas de compatibilité avec le parc existant.

L’avenir : WPF, en toute logique

On le voit clairement, qu’il s’agisse de la situation actuelle ou à venir WinRT ne peut pas être utilisé pour développer en entreprise car sa pénétration est trop faible. Windows 7 vient remplacer XP et cela pour plusieurs années.

Or, en toute logique, seul WPF permet de programmer des applications compatibles avec le parc existant et celui à venir pour des années.

Passéisme, WinRT-bashing ou réalisme ?

WinRT est une belle plateforme très intéressante.

On peut même en entreprise envisager des développements ponctuels pour Surface car utiliser des applications existantes sur un écran tactile d’une dizaine de pouces est une stupidité. Les applications Windows classiques sur de si petits écrans ne sont raisonnablement pas utilisables.

Mais on peut en revanche concevoir des applications WPF au look Metro adaptées aux petits écrans. C’est une alternative tout à fait convenable et parfaitement adaptée aux Surfaces “Pro” ayant un bureau classique puisque Microsoft s’est encore une fois tirer une balle dans le pied en sortant trop vite la “Pro” qui a tué tout espoir de succès pour la RT.

Il n’y a donc pas de “WinRT bashing”, professionnellement il ne s’agit pas d’aimer ou non, il faut uniquement viser juste et cela se fait en prenant le marché tel qu’il est et tel qu’il va évoluer et non comme Microsoft le fantasme. A chacun ses préoccupations, on comprend fort bien que MS pousse ses produits, mais nous, développeurs ou DSI, devons prendre des décisions fondées sur la réalité.

Promouvoir WPF aujourd’hui est-il une forme de passéisme ?

Non plus. WPF c’est XAML et le plus souvent C# et qui oserait penser que ces langages sont “dépassés”. Windows 8 intègre de base le moteur XAML, ce n’est même plus une option installable à part ou découplée de l’OS, c’est l’OS, on est donc en plein dans le futur !
Quant à C#, toujours dans l’innovation et à la pointe des besoins des développeurs, qui pourrait voir le moindre signe de déclin ou de faiblesse ? Face à l’anachronisme d’un C++ mort depuis des années, à côté de VB qui n’a jamais été le choix majoritaire des développeurs malgré un succès non négligeable, face à un F# sympathique mais follement essayiste, C# s’impose comme le choix de la raison.

Il n’y a donc rien de passéiste à promouvoir une plateforme qui est toujours en avance sur tout ce qui se fait ailleurs et même chez Microsoft !

WPF est ainsi un choix de raison mais aussi un choix d’avenir et surtout le choix de la compatibilité sans renoncer à satisfaire les attentes des utilisateurs en terme d’UX.

Conclusion

Le temps des atermoiements doit prendre fin un jour où l’autre… Les DSI ont fait le dos rond en laissant passer l’orage du doute et des angoisses.

Seulement l’orage ne se termine pas. Tout le monde aurait aimé que Windows 8 soit un succès éclatant, que WinRT séduisent tous les développeurs, que les gens s’arrachent Surface RT et que les Windows Phone envahissent le monde entier.

La position “dominante” de Microsoft ? Honnêtement les professionnels de l’informatique s’en contre-fiche tout comme les DSI en entreprise. Au contraire ! Cette domination a permis l’explosion de la micro-informatique et a autorisé l’avènement d’une informatique d’entreprise ultra-performante. La stabilité d’une domination, c’est comme la paix, c’est bon pour le business !

Le chaos du marché actuel, les erreurs de Microsoft, tout cela est nuisible pour tous. On ne peut franchement pas s’en réjouir.

Mais il nous faut être réalistes : les entreprises doivent aujourd’hui encore plus qu’hier miser sur leur informatique pour être plus performantes, plus réactives, plus agressives, plus rentables.

Il est temps que les DSI comprennent que la stratégie du “dos rond” est terminée. Que dans le contexte économique actuel l’attentisme est un suicide.

Et pour développer pour le parc de machines actuel et à venir tout en assurant une modernité indispensable à l’adoption des logiciels par les utilisateurs, si vous connaissez un meilleur choix que WPF, n’hésitez pas à m’en faire part !

Stay tuned !

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